Conclusion - Revient-il à l'État de faire régner la justice ? 4/4

Une troisième conciliation entre l'État et le règne de la justice : le droit naturel

Enfin, nous avons vu que cette puissance souveraine de l'État, dans sa toute-puissance terrestre, une fois affranchie des références conflictuelles aux diverses opinions philosophiques, morales et religieuses, était en attente d'un fondement de justice dans le droit. D'un côté, il doit être incontestable qu'il n'y a d'exigence de justice légitime, dans la vie de l'État, que par la loi qui émane de l'État lui-même, comme autorité souveraine : la justice est bien celle du droit positif, une fois que le statut juridique et les prérogatives de l'État, limitées au salut des corps et des peuples, dans la vie terrestre, ont été clairement reconnus et délimités, pour éviter tout empiètement sur d'autres exigences de justice, morale, religieuse et philosophique, légitimes en leur domaine.

D'un autre côté, cet État souverain reçoit son fondement juridique du droit naturel des individus, de leur droit à la conservation de leur existence et de leur liberté, qui n'est pas garantie dans un état de nature sans autorité juridique commune, et qui ne peut s'épanouir que dans l'ordre civil, celui d'une société sous des lois. C'est alors que l'État déjà défini en droit peut entamer son progrès vers un État de droit, un État qui se soumet lui-même, dans son autorité souveraine, au règne d'un droit fondamental, le droit naturel de la personne humaine, le droit historique d'un peuple à déterminer son propre destin, droit que l'État reconnaît alors lui-même dans son propre droit fondamental, sa Constitution.

La définition et le processus de constitution de l'État de droit n'en sont alors cependant qu'à leur principe, celui du développement de l'idée de la République, de l'effectivité du progrès de la démocratie, de la poursuite d'une universalisation du droit vers une justice internationale.

Ce sont des chemins qui restent à parcourir pour une réflexion sur la légitimité et la capacité de l'État à faire régner la justice.